dimanche 14 juin 2009

Busdriver: Jhelly Beam


J'ai fini d'être impressioné par des rappers qui rappent vite. Ce n'est pas la vitesse du débit qui fait d'un tel un bon rapper. C'est pas trop compliqué rapper vite, il s'agit juste de rester compréhensible...Bref, à chaque fois que j'entends parler de Busdriver on souligne la rapidité de son débit...ok, c'est vrai le gars rappe vite...bravo...puis après? Ben après c'est que depuis l'époque Projects Blowed, Busdriver n'a rien à envier à personne. Nous avons affaire à un rapper doté de beaucoup de charisme, d'humour et probablement du flow le plus mélodique dans le hip-hop en ce moment. Masi une lacune majeure le suit depuis ces premiers alums (Temporary forever entre autres); le manque de beats lui permettant de vraiment briller. J'ai essayé à plusieurs reprises d'aimer Busdriver, je n'ai accroché que sur «Fear of a black Tangent» et encore, je trouve cet album moyen. J'ai essayé aussi «The Weather» avec Daedelus et Radioinactive ...mais encore ... les beats, les thématiques, le flow enfantin de Radioinactive ne m'ont pas aidé à apprécier l'album que beaucoup citent désormais comme un incontournable.

«Roadkill Overcoat» paru il y a un an ou deux sur Anti/Epitaph m'est quant à lui apparu surfait...surtout dans la production de Nobody...un bon disque mais personellement j'ai préféré investir mon argent ailleurs. Ce qui nous emmène à la deuxième sortie sur Anti «Jhelly Beam». Quoiqu'on dise, Busdriver est un excellent rapper, seulement il ne peut supporter un disque à lui seul. Et il semble avoir compris. Les beats sont suffisamment variés, mélodiques et électro pour lui permettre de rapper à son aise sans avoir à s'époumoner dans des chants corrects, mais sans plus. Car s'il est un excellent rapper, c'est un chanteur moyen...Mais il rappe plus qu'il ne chante et les morceaux intéressants s'enchaînent les uns à la suite des autres. Superbes collaborations avec Nocando et Myka9 , une pièce de «art rap» brillamment réussie et une pièce intitulée «Quebec and back»...

Cependant, tous vont accrocher sur les premières lignes du disque: «Conscious rap failed us...» . Chacun va surement sourire à la première écoute (moi inclus), mais je serais aussi tenté d'y répondre :hmmmm ... Ouin...en partie mon gars. En quoi conscious rap failed us? C'est une question légitime, non? Ne serait-ce pas plutôt l'inverse: Busdriver failed conscious rap? C'est un discours que j'entends de plusieurs rappers s'étant fait des porte-paroles du «rap conscient», qui maintenant dénigre cette façon de faire...Sixtoo, TTC, Radioinactive, Omnikrom (un peu)...Que s'est-il passé? Nous a-t-il failli car ne présentait pas de porte de sortie au niveau financier? Parceque le public générl préfère entendre des inepties que de se faire sermonner? ou tout simplement car les tenants du rap conscient sont en fait aucunement capable de vivre selon les préceptes qu'ils mettent de l'avant et qu'ils ont plus embarqué dans le phénomène par un esthétisme (et élitisme) d'idées...? Quelle déception pour ces rappers de se retrouver dans un cul de sac à la fin des années 90 et au début des années 2000...TTC est un phénomène intéressant à étudier à ce sujet, Sixtoo aussi. Quand j'écoute «Ceci n'est pas un disque» « 50/50 where it counts» «The psyche continuum» et que j'entends après les discours tenus par ces mêmes personnes, je ne peux faire autrement que de me questionner sur le parcours artistique de ces individus ... Pourquoi? Pourquoi passer d'un discours «philosophique» , empreint de métaphores liées à un mysticisme biblique (Sebutones) à une abnégation totale du même discours? Dans le phénomène de la croyance et de l'adhésion sectaire on retrouve la même dynamique, où on investi une énergie équivalente dans l'adhésion et dans le rejet d'une même idée...

Conscious rap n'a failli à personne. Il s'est juste sclérosé dans un genre passé date, prisonnier d'un discours moralisateur reprenant les mêmes clichée depuis les 15 dernières années. C'est les artsites qui ont faillit à leur conscience et leur démarche. Engageant leur jeunesse dans des idées et dans une voie où personne n'en sort indemne et où, quand on en sort, il faut rejeter totu d'un bloc...

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