mardi 11 août 2009

Le retour du rap


Je me souviens de cette journée où, magasinant au Cheap Thrills, j'ai fait la rencontre de Ghislain Poirier. Je m'entretenais avec Gary Worsley (du label Alien8 et disquaire au Cheap Thrills) de mon intérêt à fair du rap sur des beats de techno minimal. Effectivement, à l'époque je m'étais surpris à freestyler sur les disques de Pole (1, 2 et 3) et à vraiment aimer ça... À ce moment Gary me dit : «You want a minnimal techno producer? Here's one right there» en pointant en direction de Ghislain. Grand gaillard, barbe pas faite, tuque toute croche sur avec un vieux manteau d'hiver.... qui magasinait aussi. On a naturellement commencé à jaser de musique et on s'est fixé une rencontre pour voir ce qui serait possible. Mais déjà à l'époque Ghislain s'éloignait du techno minimal et était plus intéressé par des gros beats. C'était en 2002 (ou fin 2001?). D'ailleurs Ghislain venait de sortir «Il n'y a pas de sud» sur le label 12k.

Depuis, plusieurs l'ont fait ou ont tenté une hybride des genres. Je pense entre autres à Fat Jon (du groupe Five Deez) qui a collaboré sur un disque de Pole «Pole» et qui a un peu réitéré sur sa collaboration avec le producer Styrofoam. Depuis, le genre n'a pas vraiment éclos et mon intérêt s'est un peu dissout. C'était jusqu'à la découverte du rapper magique qu'est Serengeti. Au travers des méandres de myspace, Scott Da Ros (de Endemik) m'a envoyé le lien vers le site de ce rapper me demandant ce que j'en pensait. J'ai tout de suite accroché et j'ai commandé deux albums, soit «Noticeably Negro» et une collaboration avec un certain Polyphonic intitulé « Don't give up», sortis tous deux sur le label Audio 8. C'est le second qui m'a fait pensé à du rap mêlé à de l'électro minimal. Je crois que c'est tout simplement l'absence de bass drum/kick/snare/ hi-hat qui a suscité cette comparaison. Certaines pièces ont des drums kit plus traditionnels mais d'autres sont très minimales. Mélodiques à fond mais rythmiquement minimales . De plus, Serengeti est un rapper solide. Ça ne parâit pas trop sur le second disque mais son «Noticeably Negro» nous laisse savoir qu'il s'agit d'un type expérimenté avec un flow agile. Sa nonchalance sur certains morceaux font d'ailleurs penser un peu à MF Doom.

Voilà donc que le mythique label Anticon vient de sortir le deuxième album du duo, à ma grande surprise. Tant mieux cependant, Serengeti pourra profiter d'une meilleure distribution et d'une plus grande visibilité, choses qu'il mérite pleinement. Intitulé «Terradactyl», Serengeti et Polyphonic nous offrent un superbe deuxième album qui ressemble à .... étrangement au premier album .... Comme le premier disque était excellent, les deux comparses semblent avoir repris un peu la même formule et produits un autre excellent album. Par contre, l'effet de surprise passé avec le premier, je ne peux que le trouver un peu moins bon et ce même avec des collaborateurs de haut calibre tels Doseone et Buck 65 (mais après plusieurs écoutes, j'ai encore de la difficulté à distinguer ce qu'ils font au juste...ils chantent? rappent? jouent des machines?). Des beats superbes également et j'ai été surpris de noter la présence d'un drone d'accordéon (ou d'harmonium) sur au moins trois chansons, dont une me faisant penser à la pièce «Accordion» de MadVillain.

Anticon nous avait habitué récemment à des sorties médiocres, s'éloignant de la musique ayant fait leur renommée à la fin des années 90. On félicite donc Sole et cie d'avoir eu la finesse d'esprit de sortir cet album et on remerci le souci qu'ils ont (ou une certaine forme d'hypocrisie) d'apposer sur leurs nouveaux albums un collant nous disant dans quel genre doit être classé le disque.

...euh....ok...

Un superbe vidéo tiré du premier disque de Serengeti et Polyphonic:

1 commentaire:

  1. selon moi, la seule erreure dans le parcours impeccable de Pole est son album avec MC.

    Comme tu dis, vaut mieux s'amuser à y inventer des voix qu'en mettre pour vrai sur ses disques.

    Ceci dit, le video de Sunrise est en effet bien joli.

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