mercredi 3 février 2010
Birgé/Gorgé/Shiroc : «Défense de» (réédition mio records)
Fruit des années 70, ce disque issu de l'underground français a acquis un statut mythique avec les années. Un sommet de l'étrangeté, où se déploie une musique improvisée hautement inspirée. Cette réédition est offerte avec des pièces extras (d'autres versions et inédites) et un dvd contenant un film de Jean-Jacques Birgé et de Bernard Mollerat intitulé «La nuit du phoque», réalisé dans la cadre d'un cours universitaire en 1974. Je ne me positionnerais pas sur le film, je ne suis pas un amateur de cinéma expérimental, donc je laisserais à d'autres le soin de commenter. Cependant, le dvd contient plein d'extras audios (6 heures...) très intéressants qui ne sont jamais parus auparavant. Disons que ça ajoute un plus value au dvd.
Mes pérégrinations dans la musique expérimentale française m'ont amené là où il fallait. En lisant le livre mentionné dans mon post précédent (voir juste en dessous), je me suis aperçu que la majorité des disques que je m'étais procuré étaient ceux dont je trouvais les descriptions les plus intéressantes. D'autres étaient en voie d'arriver (reçus cette semaine). Un des détours invévitable, est le disque «Défense de». Il s'agit ici d'une musique difficilement qualifiable ou même définissable. Abstractions sonores, free-jazz, free-rock, musiques électroniques improvisées...on a là un beau fourre-tout. C'est aussi le genre de musique que certaines personnes écoutent et trouvent que c'est n'importe quoi et disent la banalité suivante: «J'aurais pu faire ça moi aussi». Laissez-moi leur répondre une bonne fois pour toutes: «Oui, mais tu ne l'as pas fait et tu ne le feras jamais. Et même si tu le fesais, ça ne sonnerait pas comme ça et ce serait totalement différent. Donc fais-le et peut-être que dans quarante ans ce sera un classique...(j'en doute)». En passant, je crois qu'on entre dans une ère où les enregistrements mythiques ne seront plus possible en raison de leur disponibilité outrancière et de la multiplication des genres ainsi que de l'archivage éhonté de toutes formes de musique, mais bon, c'est surement pour le mieux...
Pour revenir au disque après cette disgression, on peut remaquer en effet que certaine pièces, en particulier «La bulle opprimante», semble être un foutoir musical où chacun fait ce qui lui plaît et qui nous rapelle les shreds qu'on peut entendre sur internet (surtout celui de Santana). C'est peut-être ça la «bulle opprimante», zone de créativité où se situe le musicien improvisateur qui, au lieu de jouer en harmonie avec les autres, cherche à les opprimer par son jeu, en défaisant ce qui est en train de se construire... Par ailleurs certains moments à l'orgue ou au piano électrique me font penser au jeu de Justin sur le cd de l'Ensemble Kesdjan, où une bribe de mélodie, quelques accords, apparaissent hors du chaos le temps d'apporter un peu de lumière. Même chose pour le drum, où parfois une rythmique semble se dessiner mais c'est pour mieux foutre le camp, laissant parfois le synthétiseur garder une pulsion vitale. La présence du saxophoniste Antoine Duvernet, amène une touche mélodique sublime dans des moments parfois confus pour l'auditeur, où les synthés et la guitare électrique mènent un jeu sauvage, libre de toutes structures. L'instrumentation sur ce disque est impressionante et est recensée pour chaque pièce dans le livret. Attention, ceci est un disque complètement MALADE... Pour les amateurs de free-jazz, de musiques expérimentales, d'étrangeté (bref, moi et quelques amis...).
c'est disponible sur le site de Jean-Jacques Birgé directement
http://www.drame.org/3GRRR/Disco.html
Dites-vous qu'à 25 euros, ça en vaut largement la peine.
Aussi, quelle ne fut pas ma surprise de recevoir avec le disque une carte postale promotionelle du projet Nabaz'Mob de Jean-Jacques Birgé et Antoine Schmitt. Surprise car c'est la même image qui est utilisée pour l'édition 2010 du Festival de Musique Actuelle de Victoriaville (FIMAV), où se produira Nabaz'Mob au mois de mai, avec son opéra pour 100 lapins communiquants. Moi qui n'avait aucune idée de ce que c'était, je crois bien que je vais aller voir ça...
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