mercredi 17 février 2010
Besombes-Rizet «Pôle vol.2» (1975, réédition mio records 2004)
L'histoire derrière cet enregistrement est assez complexe. On ne sait pas trop si Pôle c'est un label, un nom de groupe ou un nom de disques. Il en ressort que Pôle est avant tout un label, fondé par Paul Putti, Evelyne Henri et Jean-Louis Rizet en 1975. La confusion que représente l'entité Pôle est voulue et entretenue tout au long de leur trop brève histoire, qui prendra fin en 1977. Rizet enregistre donc cet album double avec Philippe Besombes, qu'ils nommeront Pôle vol.2 et ce sera l'unique collaboration entre ces deux musiciens, mais aussi chercheurs.
Besombes et Rizet sont des scientifiques, des chercheurs de sons et de matière, qui ont bénéficié de l'agitation des années 70 pour se lancer dans une aventure musicale incroyable. Les deux ont aussi été des collaborateurs de Luc Ferrari. Voilà une autre démarche qui m'inspire; des gens qui ne se limitent pas qu'à la musique. Celle-ci devient un autre volet de leur parcours et s'inscrit en toute cohérence au sein même leur vie. Qu'une étape de plus dans la quête perpétuelle de savoir et de vérité.
Toujours est-il qu'ils ont crée un disque tout simplement fantastique. Parfois on est ramené à Vangelis, style «Chariots of Fire», pour les montées épiques de synthétiseurs, ou à d'autres trames sonores de film de science-fiction complètement obscurs. Les ambiances sont prenantes, le son bien travaillé. On a droit a une esthétique résolument «prog» quand les drum embarque, surtout sur la première et dernière pièce. Mais on a aussi en prime des flûtes traitées, du saxophone, du jeu de clavier «rileyesque», plein de sons électroniques incongrus, de la trompette amplifiée rappelant Nils Peter Molvaer. Et j'ai été particulièrement surpris par des rythmiques synthétiques, se voulant une sorte d'archétype du techno vers la fin de la pièce «Armature Double».
On aurait pu se passer de la pièce humoristique «Rock à Montauban», qui est une pastiche d'une chanson rock de trois minutes, sur comment être une vedette rock. Mais dans l'optique de ce que j'ai déjà écrit sur l'avant-garde musicale française et l'humour, on est pas vraiment surpris. Les dialogues entre les deux musiciens sont somme toute rigolo, et parviennent à nous arracher un sourire. C'est le caractère intrusif de la pièce parmis l'ensemble qui apparaît de trop. Seulement, en y réfléchissant, sur vinyle elle doit terminer la face A du deuxième disque. Ce qui correspond à une certaine logique, propice à clôturer une oeuvre très cérébrale. La pièce qui va suivre, «Synthi soit-il», est monstrueuse. Il s'agit de 21:54 minutes de paysages sonores synthétiques, d'abstractions et d'expérimentations subjugantes qui vaut à elle seule toute une face de vinyle.
Au risque de me répéter, ce disque est lui-même monstrueux (dans le bon sens du terme)et vaut vraiment la peine d'être découvert. Surtout à notre époque, où il acquiert une pertinence indéniable, à la lumière des nouvelles musiques dont Besombes et Rizet ont été des pionniers.
Petit vidéo fait avec une pièce d'un disque de Philippe Besombes solo.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire