mardi 19 janvier 2010

The Harmonic series: a compilation of musical works in just intonation (Important, 2009)


Je ne m'y connais pas vraiment en théories musicales, j'aime jouer et écouter au feeling, ne pas appliquer de grille d'interprétation qui me permet d'évaluer le jeu, le genre, etc...

La première personne à m'avoir parlé du «just intonation» est mon ami Will Eizlini. On discutait musique et spiritualité (comme souvent) et il a fait mention de cette façon d'accorder les instruments selon une séquence décimale bien particulière et faisant référence aussi aux théories de Gurdjieff et du livre de Deleuze & Guattari «Mille Plateaux».

«Just intonation» c'est efectivement une façon d'accorder les instruments, en utilisant des fréquences de tons qui sont multiples d'un ton fondamental (J'explique bien? pas sûr...). Bref, c'est une technique musicale propre aux musiques non-occidentales et utilisée depuis plus de 5000 ans, soit avant la gamme telle qu'on la connaît. Le «just intonation» permet de créer des harmoniques et des overtones très intéressants entre les notes et le drone musicale dérive de cette façon de faire (parecqu'un drone...ben c'est un drone)

Je me perds dans mes explications car c'est nouveau pour moi. La petite recherche que je me suis tapé sur internet et les notes abondantes du livret ne m'ont pas suffit pour bien intégrer les données. Cependant, ça fait un bout que je voulais parler de ce disque et je m'y risque.

Important est le genre de label qui fait des efforts considérables pour mettre en marché de la bonne musique. Ils ne se limitent pas à un seul genre et cumulent les nouvelles sorties sur une base régulière. Chaque fois que je vois une nouveauté sur ce label j'y jette un oeil car c'est souvent bien intéressant. Cette récente sortie s'avère quant à elle superbe.

Il s'agit ici d'une compilation regroupant des artistes que je qualifierais de «minimal» travaillant avec le «just intonation» ou travaillant sur des bases de série harmonique (aussi un façon d'accorder, à vrai dire, le just intonation dérive de la série harmonique ...c'est plus clair?). Le plus gros nom sur cette compile est celui de Pauline Oliveros, qui livre une sublime pièce à l'accordéon, mais on retrouve des nom plus ou moins familiers tels ceux d'Ellen Fullman et R Keenan Lawler. Tous les artistes préesents offrent un morceau avec leur instrument de prédilection, on passe du resonator guitar (Lawler), au piano (sublime Michael Harrison) à des instruments inventés (Fullman). C'est une très belle compilation, apaisante, pour tous les amateurs de drones mélodiques...

Dans «Récits de Belzébuth à son petit-fils», Gurdjieff nous expose les idées fondatrice de son enseignement. Ceux qui ont un peu lu sur lui, savent que cet enseignement est tripartite et intègre les idées, la danse et la musique. Le chapitre intitulé «La loi d'Heptaparaparshinokh» est surement un des plus hermétiques de ce livre. il y expose ce qu'il nomme communément la loi de Sept, loi qui régit toutes manifestations universelles, rien de moins. La découverte de cette loi sur Terre est le fait de deux frères chinois Tchoûn-Kil-Tess et Tchoûn-Tro-Pel. Ceux-ci ont mis au point une machine leur permettant de décomposer le rayon lumineux en sept tons différents. Où ça devient intéressant, c'est quand le successeur des deux frères jumeaux, le non moins chinois King-Tou-Toz, crée une machine appelée lav-mertz-nokh, une sorte d'instrument à cordes permettant d'approfondir la compréhension de l'univers, instrument que l'auteur compare avec le piano. Il dit: «Si l'on accorde de la manière voulue les cordes de de ce piano et que l'on provoque les vibrations requises sur les cordes correspondantes, la fusion de vibrations qui en résulte coïncide presque exactement, même d'un point de vue mathématique, avec l'ensemble des substances provenant des sources cosmiques adéquates conformément à l'Heptaparaparshinokh sacré.» Ainsi, sur ce piano, les tons entiers et les demi-tons entrent en interaction les uns avec les autres et s'aident mutuellement à évoluer ou involuer. Un peu à la manière d'overtones ou des vibrations de cordes sympathiques...

Intéressant, non? surtout quand on constate que les drones ont la particuliarité de créer un effet bien spécifique, selon le ton, chez l'auditeur...À cet effet, le disque de G.I. Gurdjieff d'improvisations à l'harmonium (vous noterez cependant dans le lien fournit ici, qu'il n'y a aucun rapport avec le groupe québecois Harmonium...)est foutrement intéressant.

4 commentaires:

  1. Wah ! La vidéo est fascinante ! Cela doit être une expérience unique d'assister à une performance comme celle-là en direct.
    Il faudrait que je m'intéresse de plus près à la musique d'Ellen Fullman. Un album a me conseiller ? Faudrait également que je me lance dans l'exploration de la discographie de Pauline Oliveros et Eliane Radigue

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  2. Je crois que suspended Music avec le Deep Listening band est une bonne porte d'entrée, ça ressemble un peu au vidéo.
    Pour Radigue: Songs of Milarepa

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  3. Hey, merci pour ce magnifique vidéo! Quelle performance quand même! Très inspirant.. ça transporte!

    As-tu regardé du côté de l'Italie finalement? Stefano Musso aka Alio Die, check ça Khyro, y'a de quoi pour toi dans ce qu'il fait. Je pense notamment à l'album Raag drone Theory.

    Salut!

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  4. J'ai aussi chroniqué cette compilation réunie par Duane Pitre, autre musicien très intéressant. Merci pour la vidéo ! Mon blog musical défend toutes ces splendides musiques méconnues.
    Dernier article consacré à Elodie Lauten, une française installée à New York, pianiste et compositrice post minimaliste étonnante.
    Cordialement,
    Dionys

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