lundi 15 mars 2010

Richard Pinhas et la Terre de glace


Je demande le froid. Rêve de glace, de paysages dénudés, balayés par le vent. Je rêve aussi de volcans, de sources d'eau chaudes, de geyser... D'une lande vierge et froide où je règnerais comme le seul homme. Peut-être est-ce l'arrivée d'un printemps précoce, le changement d'heure... Toujours est-il que je ressens une forme d'incomplétude. Comme si le cycle de la mort hivernale ne s'était pas complètement bouclé. Mon hiver intérieur persiste, malgré le soleil et la température clémente...

Depuis plusieurs années je rêve aussi à l'Islande. Il y a quelque chose de foncièrement mystérieux et d'attirant dans ce pays, qui fait que mon esprit retourne souvent contempler la possibilité d'y mettre les pieds. Je ne suis pas le seul qui y rêve. Je ne sais pas si c'est la production faramineuse d'artistes comme PIB qui y est pour quelque chose, mais avec l'éclosion des Bjork, Sigur Ros, Mùm et autres, il doit bien y avoir une source de création intemporelle dans laquelle il serait possible de puiser. Lors de mon passage à Berne l'automne dernier j'ai ressenti cet élan de créativité inhérent à la ville, je me suis fait traverser par elle et penser qu'y vivre quelques temps serait bénéfique. On m'a dit aussi que Berne était une ville triste, s'harmonisant bien avec notre musique. L'Islande bénéficie-t-elle aussi de cette aura?

Depuis dix ans, Reykjavik accueille le festival Iceland Airwaves qui s'étire désormais sur cinq jours. L'année dernière c'était plus de 150 groupes dont plus du deux tiers sont issus d'Islande...pour une population de près de 320 000 c'est énorme.

Mon premier intérêt pour l'Islande musicale est venu du superbe album «Story of Iceland» d'Eyvind Kang, sorti sur Tzadik en 2000. Une composition ésotérique qui m'a profondément marquée lors de sa découverte. Peut-être que dès ce moment j'ai associé mystère avec Islande.



Par la suite c'est le film «The Sea» (2003) qui m'a séduit. Film du même réalisateur que Reikjavik 101 (Baltasar Kormákur), qui raconte un drame familial tournant autour de la situation économique et sociale de l'Islande, avec des commentaires acerbes sur l'état des choses. Mais Kormakur réussit à teinter ses personnages des couleurs pourpres et vermeils, rehaussant la particularité monochrome du paysage social.

Et depuis quelques jours, l'excellent disque de Richard Pinhas «Iceland» (1979) m'accompagne et fait remonter ces épiphanies. Quel disque majestueux, un précurseur au courant New-Age, une musique synthétique sombre, froide où guitare électrique , synthétiseurs et électroniques épousent les formes l'un de l'autre. Un autre disque bien en avance sur son temps, qui n'a connu qu'un succès relatif. Avant de produire ce disque, Pinhas était membre du duo Heldon et a collaboré avec Deleuze sur une pièce nommée «Le Voyageur», où ce dernier faisait un spoken word soutenu par la musique d'Heldon. D'aileurs le premier album de Pinhas, intitulé «Rhizosphère», est le fruit du parcours d'un étudiant en philosophie, grandement inspiré par Deleuze et l'avant-garde musicale de son époque. Cuneiform Records a réédité une grande partie du catalogue de Pinhas/Heldon, pour notre plus grand bonheur.




Ce qui est d'autant plus fascinant, est que j'écoute en parallèle le plus récent disque de Yellow Swans «Going places». C'est très, très, proche de «Iceland». C'en est même troublant (mais dans un bon sens). C'est surtout au niveau des ambiances sonores que la similitude est frappante, le traitement des sons est cependant beaucoup plus saturé chez Yellow Swans que chez Pinhas. Normal, Yellow Swans ont une esthétique plus «noise» et cela n'apparaît pas comme surprenant sachant qu'ils se sont fait connaître au sein cette scène musicale. Par contre, ce nouvel album est sorti sur Type et est beaucoup plus mélodique de ce que j'avais entendu d'eux auparavent.



Le printemps n'est pas qu'une saison...

3 commentaires:

  1. Que de mots pour rien. L'Islande, on y va, on la respire et on essaye de comprendre les gens et les paysages... C'est autre chose qu'un air de musique!

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  2. Je me demande si ce commentaire est une critique mais surtout quel est son rapport avec ce qui est écrit...

    Encore faut-il pouvoir les lire les mots...Ainsi on saurait que mon propos est tout autre et que tout compte fait, je parle de musique en général et non de l'Islande comme tel...

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  3. En règle générale, les commentaires les plus virulents proviennent d'individus dont les propos reflètent probablement une grande humanité (génétiquement proche de celle de Néandertal dans le meilleur des cas), et qui, surtout, ont l'indicible courage de demeurer anonyme.
    De là à penser qu'il s'agit en réalité de spams en colère, il n'y a qu'un pas.

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