lundi 22 mars 2010
Tom Carter & Christian Kiefer : «From the Great American Songbook» (Preservation , 2008)
Une des raisons pour laquelle j'adore aller voir des spectacles de musique, est que si nous avons affaire à un artiste soucieux de ses fans (et de son porte-monnaie), celui-ci aura une table de «merch» bien garnie. Offrant ses albums à des prix accessibles et surtout, en offrant des sorties qu'on trouve difficilement sur le marché.
Lors de la foire du Under the Snow, Tom Carter et Marcia Bassett ont tenu une table durant une heure ou deux le samedi et ont vendu beaucoup de stock. J'en ai profité pour acheter le vinyle d'Hototogisu sur Nashzaphone (à 12$...au lieu de 30$), ainsi que ce cd de Tom Carter et Christian Kiefer.
J'ai connu Tom Carter au sein du duo (autrefois trio) Charalambides et par la suite, porté une oreille attentive à ses expériences solo. Musicien somme toute prolifique, Carter sort des albums sur une base régulière, en solo mais aussi au sein de différentes formations et avec divers collaborateurs. Plus connu pour son jeu «monolithique» (droney/ ambiant), porté par la disto, mon disque préféré de ce dernier reste son plus mélodique, soit un cd sorti sur Digitalis intitulé «Glyph», sorti en 2006. La-dessus, Tom Carter nous montre sa finesse en tant que guitariste mélodique ainsi que son inventivité. Mais je suis comme ça, malgré mon intérêt envahissant pour la musique expérimentale, je reste quand même plus porté émotivement vers des musiques conservant un aspect mélodique. De l'autre côté, avant ce jour, Christian Kiefer était un parfait inconnu et il le reste encore. Tout ce que je sais c'est qu'il s'agit d'un musicien folk, ayant sorti des albums obscurs, et plus que probablement, très mal distribués...
L'idée derrière cette collaboration est simple; reprendre des chansons tirées du «Great American Songbook». Il s'agit de répertoire de chansons «américaines», presque toutes issues entre les années 1900 et 1950. On oscille donc entre jazz, ragtime, blues, bluegrass, gospel... Le meilleur porte-étendard de ce répertoire reste encore le film «O brother where art Thou?» et sa fabuleuse trame sonore. Bien entendu de nombreux artistes folk ont repris ces classiques. On pense notamment à Johnny Cash, Willy Nelson, Paul Robeson, Joan Baez, Townes Van Zandt, Pete Seeger....et la liste est longue. Certaines pièces ont une origine parfois un peu plus lointaines et sembleraient provenir du répertoire britannique, qui a été incorporé au folk appalachien. Bref, on voit que s'attaquer à ces chansons est une tâche difficile, car elles font partie d'un bagage musical commun aux américains et que de nombreux artistes ont repris ces oeuvres à leur compte.
Ainsi, si Tom Carter s'associe à un tel projet, le résultat ne peut qu'être intéressant. Et il l'est. C'est même plus qu'intéressant, c'est tout simplement fascinant. Carter et Kiefer ont réussi ce qui m'apparaît comme un tour de force, soit de reprendre des classiques dans un contexte beaucoup plus expérimental et improvisé, tout en conservant l'âme des pièces choisies. On a donc un juste équilibre entre mélodicisme et abstraction sonores qui m'a séduit dès la première écoute. On peut penser en premier qu'il s'agit d'un duo de guitares, ne s'éloignant pas très loin du registre folk... mais le mépris est de taille. L'instrumentation est foisonnante et donne lieu à des superbes moments, comme le solo d'orgue de Kiefer sur «Will The circle be unbroken» et le jeu free du drum sur «The Entertainer». Aucune des pièces ne semble méconnaissable (selon ma connaissance du répertoire), elles conservent toutes un aspect traditionnel, mais les musiciens se permettent des moments très intimes, ayant la capacité de transporter le morceau ailleurs. D'autres musiciens viennent s'ajouter sur certaines pièces, dont Scott Leftridge à la basse, Chip Conrad aux drums/percus et Ben Massarella (de Califone) aux steel drums. Kiefer, joue de la guitare, du piano, de l'orgue, du banjo et il chante sur certaines pièces. Pour sa part, Tom Carter joue principalement de la guitare électrique,acoustique et de la lap steel. L'enregistrement est aussi superbe, autant dans sa qualité sonore qu'au niveau du mix, où sur la majorité des pièces, Carter et Keifer, se partageant le jeu de guitares, sont répartis chacun de leur côté (droite/gauche), faisant d'une écoute avec des écouteurs un pur moment de bonheur...
De plus, le label australien Preservation a fait un travail de maître au niveau de l'emballage et de la présentation du cd, chaque chanson est accompagnée d'un court texte descriptif ou inspiré , écrit par des musiciens folk contemporains issus de la même scène expérimentale: James Jackson Toth (Wooden Wand), Glenn Jones, Byron Coley, Tony Conrad, Sharron Kraus, Tetuzi Akiyama... Le souci du détail est très présent; l'origine de chaque pièce est inscrite à l'intérieur, en mentionnant le compositeur original présumé, son année de composition, qui sont les musiciens qui l'ont rendu populaires ainsi que les anciens titres de ces pièces. La seule chose qui manque peut-être, sont les raison motivant le choix des pièces réinterprétées sur ce disque. Mais c'est un bien petit détail...
Petit vidéo d'une des chansons reprise sur le disque:
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Ça m'a l'air très intéressant tout ça. Il y a des extraits en écoute chez Boomkat. J'y vais de ce pas.
RépondreEffacerLes extraits sur Boomkay sont plutôt convaincants. j'ai vu au passage que les deux musiciens avaient déjà collaboré sur un premier disque 'A Rather Solemn Promise' sorti sur le label Great Pop Supplement. Celui-ci a l'air tout aussi bon.
RépondreEffacerSalut ami et merci du partage. C’est tout à fait par hasard, au gré de mes explorations des blogs, que j’ai atterri ici.
RépondreEffacerIntéressant ton blog, dis donc. Bravo! (Moi, je suis plutôt philosophique).
NOTE. Mon blog parle de la connaissance de soi. Si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.