mardi 9 mars 2010

Ararat: « Musica de la Resistencia» (Meteor City, 2009)





Nous avons ici une autre perle qui risque de passer sous le radar. Et ce, probablement parceque c'est sorti sur un label qui se spécialise en d'autres genres de musiques. Naturellement, il faut préciser. Meteor City semble définitivement plus tremper dans le «stoner rock» et autre genre de rock un peu plus lourd. Donc un label sous lequel vient difficlement se greffer un disque de folk expérimental. Des guitares acoustiques et électriques, du piano, des ambiances lourdes et sombres, des manipulations électroniques. Stoner rock ? Pas vraiment, mais quand même...

Ararat est le fruit d'un certain Sergio Chotsourian, musicien argentin d'origine arménienne. Celui-ci est le chanteur et guitariste du groupe Los Natas(!), un groupe stoner-rock qui semble connaître un certain succès (en Amérique du Sud). Avec l'aide de son frère Santiago au piano ainsi qu'avec quelques autres musiciens, il a composé un album réellement fascinant. Évidemment, il est allé puiser dans ses racines arméniennes et Caucasienne, mais y a mélangé aussi des sonorités folk sud-américaines, des expérimentations studio et de lourdes guitares électriques. Un hommage à la résistance qui fait le point sur ses propres origines.

Sans rien connaître sur ce groupe, dès la première écoute, j'ai su que c'était des gens qui venaient plus d'une scène métal. Certaines orchestrations sont typées; des riffs de guitares électriques soutenus par des accords d'orgues apocalyptique, s'inscrivant dans un genre plutôt doom-folk, des drums lourds et des ambiances complexes bien travaillées. Mais c'est plus riche que ce que je peux en dire. Ce sont des longues pièces avec des changement au milieu, des mélodies rejouées à l'envers sur des bandes, une mélodie de piano me rappelant étrangement les chants kurdes et arméniens tels qu'annotés par G.I. Gurdjieff, une voix espagnole trempée dans le reverb et pas mal de guitare acoustique. Si'l faut faire un lien avec le rock (ou stoner..), je dirais que par moments, on pense entendre des échos de Boris à son plus mélodique/psychédélique, ou encore Comets on Fire... mais on échappe vite à ces rêveries pour revenir dans la réalité particulière de cet album.

Il s'agit d'un disque qui s'inscrit pleinement dans la tradition de la musique psychédélique sud-américaine des années 70, rappelant au passage l'oeuvre de Lula Cortes, mais qui ne se veut surtout pas une pâle copie; on se dirige d'un pas ferme vers un ailleurs. L'originalité ne manque pas sur cet enregistrement, l'effort d'actualisation des influences culturelles est remarquable. Et c'est un phénomène qui risque de devenir de plus en plus intéressant. Avec les mouvements des populations à travers le monde (des arméniens en Argentine par exemple), on va assister à un métissage culturel assez particulier dans le monde de la musique. Et là je ne parle pas de ces groupes alter-mondialistes où autre soupe fade qu'on nous sert dans la sections musique du monde au Archambault. Je parle de la musique expérimentale, avec des jeunes musiciens issus de l'immigration, de deuxième génération, qui vont tenter de créer quelquechose de complètement nouveau en puisant à même leur identité ethnique, culturelle, sociale, etc... En ancrant leurs pieds solidement dans les entrailles de leur terre d'accueil et utilisant leur être comme agent transformateur des pulsions qui habitent leur inconscient.

Petite intro d'une pièce qui, en réalité, dure bien plus longtemps:

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