samedi 5 novembre 2011

Rap et Free-Jazz: Chroniques d'une (non) rencontre pt. 1


Le fanzine Tout Va Bien m'a demandé de collaborer à leur prochaine édition et j'ai accepté avec joie. Lorsqu'ils m'ont signifié que je pouvais écrire un texte de 4000 caractères, mon peu de vocabulaire m'a fait comprendre 4000 mots... Je me suis donc lancé dans l'écriture d'un article retraçant la rencontre entre deux formes d'art qui n'a presque pas eu lieu et qui , encore aujourd'hui, est dans un non-lieu (presque) malgré les différents efforts/tentatives de forcer cette rencontre. J'ai donc revu mon propos et raccourci mon texte après vérifications, mais voici quand même ce qui aurait dû être. Notez que je m'adresse ici plus aux amateurs de free-jazz que de rap et que 4000 mots c'est long, voici donc la première partie:

L’association entre le jazz et le rap s’est fait de façon naturelle, comme le rhum & Coke, la substance enivrante se diluant dans le saccharose, teintant légèrement le goût des bulles. De mon point de vue, si on poursuit la métaphore, le rap est l’agent alcoolisant et le jazz l’édulcorant. Car c’est ce qu’on retrouve trop souvent; la version diète du jazz, propre, se mélangeant trop bien aux conventions de la musique Hip-Hop la principale étant de suivre une rythmique en quatre temps. Soixante ans d’histoire du jazz ont toutefois mené à un métissage fade et peu savoureux. Enfin, pour l’amateur de jazz marginal. Car les exemples de réussites sont quand même nombreux, l’association jazz et Hip-Hop a donné lieux à de très belles rencontres et des disques grandioses, que ce soit l’esthétique du collectif Soulquarians, le mouvement Native Tongues, les grands albums de De La Soul, de Tribe Called Quest,Common, Pete Rock, People Under The Stairs, Digeable Planets... la liste est longue.





Le réputé label Blue Note à même ouvert ses voûtes au beatmaker californien Madlib,avec l'album "Shades of Blue" lui permettant d’explorer et d’exploiter un catalogue qui en ferait savourer plus d’un. Mais pas moi. Si Madlib a pousser légèrement la note avec le premier album de Yesterday's New Quintet, les autres qui ont suivi ont sombré trop facilement dans l’esthétique nu-jazz, frôlant de trop près les bases de la nouvelle muzak. On s'ennuyait donc de Lootpack. Il en va de même pour ceux qui ont tenté l’expérience avec des musiciens live, Guru et Jazzmatazz (1993) est probablement le meilleur exemple mais on ne peut pas s’attendre à quelque chose de révolutionnaire lorsqu’on collabore avec Branford Marsalis (allez lire le lien). Par chance la présence de Guru contribue à rendre cet album un incontournable du genre. Ainsi, l’amateur de rap y trouvait bien quelque chose de rafraîchissant mais l’amateur de jazz n’était que légèrement rassasié. Plusieurs années plus tard, il se produisit la même chose avec le deuxième album du trompettiste Erik Truffaz « The Dawn » sorti sur Blue Note en 1998. Truffaz proposait un jazz contemporain où il s’appropriait indûment les services du rappeur suisse Nya. À l’époque on pouvait trouver l’idée bonne mais aujourd’hui encore, le résultat à mal vieilli; du rhum cheap mêlé à un Pepsi diète flat…



Les années 90 auraient pu, quant à elles, changer légèrement le visage du Hip-Hop et du jazz mais on ne les a pas averti. Elles sont donc passé à côté. Les dangers inhérent à la génétique peuvent contribuer à donner naissance à des enfants qui se ressemblent à peu près tous, partageant le même bagage génotypique. Ainsi, ce brassage incestueux à donné naissance à l’enfant hassidim de la musique; le trip-hop. L’utilisation de la rythmique en quatre temps propre au Hip-Hop à permis l’émergence de nombreux beatmakers et DJ’s mêlant jazz et beats. L’émergence du label Ninja Tune en est un bon exemple. Certains musiciens de jazz se sont aussi baignés dans les eaux calmes du trip-hop et on fait des choses intéressantes, entres autres Nils Peter Molvaer à ses débuts avec l’étiquette ECM. Mais en se confinant à une rythmique en quatre temps, on perdait un élément qui révolutionné le jazz dans les années soixante; le jazz modal, l’improvisation, l’arythmie cardiaque

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