lundi 12 septembre 2011

Huntsville: "For Flowers, Cars and Merry Wars" (Hubro, 2011)


Lors de mon passage au Festival de Musique Actuelle de Victoriaville en 2010, j'ai assisté à plusieurs concerts en raison d'une passe me permettant l'accès à toutes les salles. J'ai dû restreindre mes choix en fonction d'un séjour plutôt court au festival. J'ai néanmoins assisté à un concert soporifique dont la description sur papier m'intriguait. Il s'agissait du groupe Dans les Arbres, dont j'avais entendu aussi des critiques élogieuses, surtout sur les musiciens individuellement. Ce quatuor formé de Xavier Charles, Christian Wallumrod, Ingar Zach et Yvar Grydeland venait aussi de sortir un disque sur le prestigieux label ECM, garant d'une certaine qualité musicale. Un groupe qui explore les sonorités et les textures, qui pratique une musique non-idiomatique, s'éloignant des lignes mélodiques et de rythmiques pour privilégier le son. Ce genre d'improvisation m'apparaît souvent trop cérébrale et je décroche après un certain temps, surtout le lendemain d'une soirée bien arrosée...




Huntsville m'a permis de retrouver deux de ces musiciens; le percussionniste Ingar Zach et le guitariste Ivar Grydeland . Tous deux collaborent régulièrement dans la scène jazz expérimentale norvégienne. Outre Dans les Arbres, ils forment aussi le duo Visiting Ants et participent au groupe No Spaghetti Edition. Pour ce projet, ils se sont fait rejoindre par le contrebassiste Tonny Kluften, lui aussi associé à la scène jazz expérimentale et qui a joué avec de grandes pointures telles; Tony Oxley, Derek Bailey et Peter Brotzmann. Si je fait leur curriculum, c'est que le résultat de leur association dans Huntsville est plutôt surprenant.

Les trois musiciens ont concocté un album à saveur résolument krautrock/kosmische musik en privilégiant les rythmiques répétitives, les drones orientalisant et les ambiances psychédéliques. Ils ont réussi à faire un disque d'improvisation accessible et rafraîchissant. Alors que je m'étais assoupi au spectacle de Dans Les Arbres, Huntsville me tient vraiment réveillé. En ayant un souci rythmique, ils s'assurent de garder plus facilement l'attention de l'auditeur. D'ailleurs, le jeu d'Ingar Zach est fabuleusement riche; même s'il ne peut trahir ses origines, on reconnaît que son jeu est libre et improvisé, mais il le déploie en suivant diverses rythmiques et utilisant de multiples sonorités. Les trois musiciens ont une qualité d'écoute et de réponse incroyable, les lignes mélodiques se développent rarement et sont brouillées par les effets de distorsion.

La pièce titre forme le gros de l'album, toute la face du côté A. On retrouve sur ce morceau la chanteuse Hanne Hukkelberg pour les cinq premières minutes. Sa présence est un leurre car dès qu'elle s'estompe à l'arrière plan on s'éloigne du domaine de la chanson pour entrer dans le monde de Huntsville, où les drones de Kluften permettent à la guitare de Grydeland de se déployer. On a un peu de difficulté à discerner qui joue quoi et la présence d'électroniques vient brouiller les pistes. Cependant, quand le banjo et les handclaps embarquent, c'est presque jouissif.



J'apprécie énormément de voir des musiciens polyvalents capable de tremper dans différents styles d'improvisations.Cette superbe sortie sur le label Hubro se retrouve dans ma liste d'albums prétendants au titre de disque de l'année.

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