lundi 26 juillet 2010

Ceschi Ramos : "The one-man band broke up" (Fake Four , 2010)


Pour l'amateur sérieux de hip-hop underground, il y a un nom dont il n'est plus possible de faire abstraction. Un rapper qui, depuis 2004, soit la sortie de son premier album officiel, accumule les éloges du public mais aussi de ses pairs. Ce nom est bien entendu celui de Ceschi Ramos; artiste originaire de la côte ouest américaine (Los Angeles plus précisément) mais relocalisé présentement à New Haven au Connecticut. En 94, lui et son frère David Ramos ont parti le projet/label/c'est pas clair, Anonymous Inc. Depuis, ils ont aussi crée le label Fake Four, en l'honneur des quatre doigts à la main droite de Ceschi.

C'est cependant en 2007 que Ceschi a connu le succès d'estime avec la sortie du disque "They Hate Francisco False" sur son propre label. Un bon disque, sans plus. Le ton est un peu geignard et il faut aimer le genre "rap chanté", qui semble devenir de plus en plus à la mode dans certains réseaux. C'est encore une fois Scott Da Ros qui m'avait prêté ce disque pour que je l'écoute. Je n'ai pas super accroché sur le moment, ce n'est qu'en écoutant sa collaboration avec Noah 23 que j'ai eu envie de me lancer un peu plus dans la découverte de cet artiste.




Il m'est arrivé sensiblement la même chose avec Atmosphere. Au moment de la sortie de "God Loves Ugly", il y avait un gros hype autour de ce rapper. J'ai donc écouté son disque en magasin et n'ai pas aimé sur le coup. C'est son morceau sur la compilation "Music for the Advancement of Hip-Hop" du label Anticon "Nothing but Sunshine" qui m'a ouvert la porte de son univers, son humour et sa profondeur.



Ainsi, depuis 2007, Ceschi accumule les featurings et tourne énormément aux États-Unis et en Europe (mais jamais venu à Montréal...). On peut comprendre pourquoi. C'est invitant de faire une collaboration avec Ceschi; rapper polyvalent, capable chanter juste, de jouer des instruments, de rapper normal et en "double time" et souvent dans la même chanson. Il peut s'adapter à toutes sortes de styles et de contextes et contribue normalement à rehausser une pièce par des refrains accrocheurs.

Son nouveau disque,"The One Man band Broke Up", est produit par Dj Scientist et est vraiment intéressant. Nous est servi un hip-hop somme toute relativement conventionnel, avec des collaborateurs qui le suivent depuis le début et quelques invités ayant croisé sa route depuis les dernières années. Ceschi joue plusieurs instruments tels; synth, guitare, banjo, ukulélé, piano, basse... Ce qui donne au final un disque très riche mélodiquement et suffisamment varié pour maintenir l'intérêt durant tout l'album. Il y a même un morceau qui m'a fait penser à du Genesis époque Peter Gabriel( For My Disappointing Hip Hop Heroes).Les chansons sont très bien construites, parlent de solitude, de la difficulté à vivre de la musique (superbe "No New-York" avec Astronautalis), de mal de vivre, la mort, la perte de l'innocence... On passe du folk, à un genre de prog, ensuite au Hip-Hop avec au passage des drumkits plus jazzy.

On s'entend que si un "One man band" se sépare, c'est suite à des conflits internes entre différentes factions. Cette séparation interne est un concept intéressant et je ne sais pas si Ceschi lui attribue la même signification que moi. Une des célèbres question du psychanalyste Jacques Lacan est: "Qui dis JE ?". En effet, qui en nous à la capacité de parler au nom de tout notre être? Gurdjieff quant à lui nous avait aussi prévenu; nous sommes construits d'une multitude de "moi" qui s'affrontent sans cesse et contribuent à nous maintenir dans un état de demi-sommeil. "La vie n'es réelle que lorsque JE suis" nous rappelle-t-il.




Les invités sur ce disque sont assez nombreux et se partage les tâches de production, d'arrangements et de composition musicales. Soulignons la présence de Sole sur la pièce "Long Live The Short Lived", Le seul moment faible du disque. Pas la pièce en tant que tel, mais le couplet de Sole est d'une banalité... De plus en plus, j'ai l'impression que Sole ne se force pas pour écrire lorsqu'il collabore sur le disque de quelqu'un d'autre. J'ai eu la même impression avec son couplet sur l'album de Bleubird "RIP U.S.A.". Peut-être que c'est moi aussi qui est juste saturé. En parlant de Sole, son deuxième disque avec le Skyrider Band est sorti sur Fake Four et non sur Anticon... comme quoi les temps changent. Reste que je m'ennuie de ça :



Le label Fake Four commence sérieusement à se faire remarquer. Devenu un joueur majeur dans l'underground. Ils ont sorti l'excellent album de Myka 9 "1969"(si vous avez dormi sur cet album réveillez-vous! Retournez l'écouter, un excellent exemple de ce que veut dire avoir du flow...), le disque de Factor (beatmaker l'ouest canadien)et la collaboration entre Factor et Awol One. C'est encore ce même beatmaker qui a produit le disque de Myka 9, il n'invente rien mais est très efficace. Mais Fake Four ce n'est pas que du Hip-Hop, c'est du pop, du rock progressif, des mélanges de genres parfois réussis et d'autres fois moins. Une des belles réussites est le disque du jeune frère de Ceschi, David Ramos "This Up Here".

mercredi 14 juillet 2010

Sabbath Assembly: "Restored to One" (Ajna, 2010)


Quelle étrange époque que représente les années soixante dans le monde occidental. Soulevée par une génération d'après-guerre, cette période de l'humanité porte en elle les caractéristiques des périodes charnières. Ce n'est surement que dans une centaine d'années qu'on s'apercevra à quel point le monde occidental a été façonné par les réformes sociales, humaines et religieuses qui ont eut lieu à cette à ce moment-là.

Dans cette ère associée à la modernité, plusieurs prédisaient la chute de la religion et la victoire de la pensée scientifique. Comme de fait, de nombreux fidèles ont quitté les églises chrétiennes mais c'était pour mieux s'investir dans d'autres religions ou nouveaux mouvements religieux. Ce phénomène a mené plusieurs chercheurs à avancer que la modernité ne signifie pas la fin du Croire, simplement une restructuration des tenants de cette soi-disant modernité. De plus, l'utilisation d'un modèle de réduction/non-réduction ne s'applique plus si on veut se sortir de l'impasse que le Croire impose à la modernité.

Il s'en est passé des choses dans les années soixante; l'ouverture de l'occident aux philosophies orientales est venue marquer au fer rouge toute une génération de chercheurs, en quête de réponses existentielles. Les communes hippies se sont avérés des terreaux fertiles où pouvaient s'implanter des nouvelles croyances, drogues incluses ou non. Timothy Leary, Ram Dass, Chogyam Trungpa, Pandit Pran Nath, Alan Watts, Krishnamurti, Aldous Huxley, Osho Rajneesh, Yogi Bahjan, Sathya Sai Baba, Sri Aurobindo, Maharishi Mahesh Yogi... voici quelques-uns des noms les plus connus associées à cette époque et on peut surement en rajouter plein d'autres. Mais voilà des maîtres ou enseignants qui se réclamaient, ou descendaient presque tous d'une lignée ou d'une tradition spirituelle (sauf Timothy Leary). L'idée est qu'il y en a eu une multitude d'autres qui ont aussi marqué l'histoire à leur façon et certains pour des mauvaises raisons (Charles Manson, par exemple).

Les nouvelles technologies et la facilité à laquelle circule l'information ont permis la résurrection (!) de certains groupes n'ayant pas laissé de marques très profondes. Ceux qui nous intéressent ici, sont ceux qui ont explorés la spiritualité dans la musique. Un des plus connus et qui bénéficie d'une bonne campagne de revalorisation, est le groupe de Father Yod ou Yahowa, décédé en 1972, connu sous le nom de The Source Family. Disciple de Yogi Bahjan, James Baker s'est petit à petit dissocié des enseignements hindous du yoga de la Kundalini pour enseigner un genre de syncrétisme mystique, incorporant aussi bien des idées maçonniques et rosicruciennes. Le fait le plus marquant de la Source Family, est le groupe Ya Ho Wa 13, un groupe de rock psychédélique improvisé qui a enregistré de nombreux albums durant l'existence de ce groupe spirituel. Avec Father Yod à la tête du groupe, celui-ci disait "channeler" l'inspiration du moment et les enseignements des Grand Maîtres dans ces paroles improvisées, où il n'est pas rare de l'entendre chanter en langue. Auparavant considéré comme une curiosité de la musique psychédélique, la majorité des enregistrements sont à nouveau disponibles et restent très pertinents. Le film-documentaire "Re-Visiting FATHER and THE SOURCE FAMILY" s'avère un précieux document pour découvrir ce groupe particulier.




Une autre récente redécouverte, est The Trees Community, un groupe de hippies chrétiens dont les albums ont été réédités en 2007. Le superbe boîtier de 4 cd intitulé "The Christ Tree" vaut la peine d'être découvert par ce superbe billet du blog Les oreilles qui bourdonnent. Ce groupe a évidemment moins fait parler de lui, car il s'agit de chrétiens contemplatifs, chantant des hymnes à l'amour de Jésus et des passages de la bible. Disons que s'ils n'ont pas marqué l'histoire, c'est qu'ils n'ont pas connus les frasques que d'autres groupes ont connus. On parle plus ici d'un groupe de musiciens voyageant à travers les États-Unis et le Canada, contribuant à répandre la parole des Évangiles... un peu moins "sexe, drogues et rock'n roll".


Cette année, c'est au tour des compositions d'un groupe nommé The Process Church of The Final Judgement à renaître des cendres de l'oubli. Groupe légèrement controversé durant les années soixante, ceux-ci reconnaissaient un principe quaternaire à la divinité en les personnes de Dieu, Satan, Lucifer et Jésus, ce dernier étant le messager des trois autres entités. Naturellement, cela fut plus que suffisant pour qu'ils se fassent apposer l'étiquette satanique. Cependant, il ne semble pas que ce groupe fut ouvertement satanique, ni se réclamait des écrits fondateurs des religions sataniques. Cette triple personnification de Dieu fut simplement une lubie (ou illumination) du fondateur de la secte, lui-même ancien membre de l'Église de Scientologie. Certaines de leurs idées furent reprises par Charles Manson, mais le groupe du Process Church (ou Processean) ont entrepris des démarches judiciaires contre les auteurs ayant prétendus en des liens plus qu'idéologiques entre les deux groupes. Démarches qu'ils ont gagné par absence d'éléments prouvant des contacts directs avec Manson.

C'est au groupe Sabbath Assembly que revient le mérite d'avoir dépoussiérer les textes et les hymnes du Process Church. C'est d'ailleurs ce qui différencie Sabbath Assembly des autres groupes mentionnées plus haut. Il ne s'agit pas d'enregistrements d'époque fait par les membres de cette église. C'est plutôt un hommage à ce groupe religieux, en revisitant les hymnes de dévotions écrits par les membres. Sabbath Assembly est l'association de divers musiciens de la scène freak-folk américaine, regroupant entres autres David Nuss du No-Neck Blues Band et Jex Toth, originellement de Wooden Wand and the Vanishing Voice. Jex Toth étant la conjointe dudit Wooden Wand (James Jackson Toth). Deux groupes incroyables, mélangeant le folk et l'improvisation collective. Je me souviens d'avoir assisté au premier concert de Wooden Wand à la Casa Del Popolo il y a environ 3 ans, j'étais un fan avoué de son groupe et de son projet solo et une question me tracassait; en raison des nombreuses références à la religion et à la spiritualité, qu'elle était leur allégeance spirituelle? Faisaient-ils parti d'un groupe religieux? La réponse fut sans équivoque: on ne fait parti d'aucun groupe, si on fait cette musique c'est parce qu'on trouvait que ça manquait dans le paysage musical...




C'est donc par considération esthétique qu'un groupe de jeunots américains chantaient Dieu, la mystique et la quête spirituelle. Ça m'a un peu déçu. Je ne suis pas un fervent du "faire comme si" et certains vidéos sur Youtube montrent Sabbath Assembly "faire comme si" ils étaient dans le Process Church... Mais ils ne le sont pas. Même que je doute de leur connaissance de ce que représente s'investir corps et âme dans une démarche spirituelle, car ils auraient su reconnaître qu'on ne peut faire semblant...même si beaucoup le font...






Par contre, ils sont parvenus à créer un excellent disque de rock psychédélique, mystico-religieux, avec une saveur et une teinte résolument "seventies". C'est tout à leur honneur. Mais vu la qualité des musiciens derrière ce projet, on ne pouvait s'attendre à quelque chose de médiocre. Au début je croyais qu'il s'agissait d'un projet plus Black Métal (surtout que le label Ajna est reconnu pour ce genre de musique), ce fut une belle surprise de découvrir leur rock quand même léger, très mélodique, porté par la superbe voix, juste assez solonnelle, de Jex Toth.

Ajna ont aussi rééditer en vinyle la trame sonore du film "Lucifer Rising" de Kenneth Anger. La musique du film a été composée par Bobby Beausoleil, un des associé de Charles Manson, condamné à la prison à vie pour le meurtre de Gary Hinman. Il a composé cette trame sonore alors qu'il était incarcéré et on lui a donné le droit de monter un band de prisonniers avec qui l'enregistrer. Impressionnante pièce musicale pour une toute aussi impressionnante oeuvre cinématographique. /En passant, le disque de Charles Manson sorti sur ESP en 1974 a été réédité en cd.





dimanche 11 juillet 2010

Crabouif


Quand j'ai écouté pour la première fois l'album "L'incendie" de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem, j'étais content de découvrir ce genre de musique dans la musicologie française. Sorti sur un label de free-jazz français, j'étais agréablement surpris de voir un disque de folk francophone dans son catalogue. J'avais, bien entendu,découvert auparavant l'album "Comme à la radio" qui a laissé une forte impression sur moi. Par la suite, j'ai entendu parler d'un disque, une collaboration entre Jacques Higelin et Areski, j'avais essayé vainement de me le procurer via les internets. J'ai finalement trouvé une copie usagée au magasin Bimbo Tower lors de mon dernier passage à Paris.

Ce disque s'est avéré une superbe découverte, me permettant d'entrevoir une facette plus expérimentale d'un grand de la chanson française, soit Jacques Higelin. C'est encore la revue Actuel qui m'a introduit avec le nom de Higelin. J'avais lu une critique d'un de ses disques où était utilisé le qualificatif "planant" pour le décrire. Je crois avoir tenté d'écouter un disque de Higelin mais je n'ai pas accroché. Sa discographie est somme toute abondante et je ne me souvenais plus quel était le titre de l'album en question. Sur cette collaboration avec Areski, les deux compères laissent libre cours à leur créativité et nous offrent un superbe disque de folk abstrait, minimal, avec des superbes paroles signées Higelin. Un disque quand même varié, oscillant entre des moments spoken word, de chanson et aussi de ethno-folk.



Suite à la lecture du livre "L'underground musical en France", j'ai appris que Higelin et Areski avaient collaboré à d'autres occasions et que les premiers disques de Higelin, sortis sur Saravah, pouvaient être aussi qualifiés d'expérimentaux. J'ai donc récemment trouvé un autre de ces cd en copie usagée à la Bouquinerie du Plateau sur l'avenue Mont-Royal (j'étais d'ailleurs avec une femme à qui j'ose dédier la chanson "Remember" plus haut). En passant, la Bouquinerie se veut de plus en plus une référence à Montréal pour trouver des cd usagés de musique expérimentale, de krautrock, de free-jazz et classique contemporain. Ils achètent aussi à bon prix. Ce cd est celui intitulé "Crabouif", sorti en 1971. Lors d'une première écoute en magasin, je n'étais pas totalement convaincu.Toujours ce caractère "naïf" qu'on retrouve sur la collaboration avec Areski, les enregistrements d'un enfant qui improvise des chansons, Arthur H , en l'occurrence, alors âgé de 5 ans (ce que je n'aime pas beaucoup, d'autant plus que cela a semblé être une mode pendant un certain temps, on retrouve ce genre d'intermèdes sur des disques de Ghédalia Tazartes, David Fenech, Aksak Maboul et autres. Le premier disque de Tricot Machine n'entre cependant pas dans cette catégorie.). Mais les chansons avaient quelque chose d'accrocheur et un titre a attiré mon attention, soit la dernière pièce du disque: "Musique rituelle du Mont des Abbesses (XXe siècle - XVIIIe Arrondissement). Lors de l'écoute j'ai été emporté par ce qui semble une improvisation au banjo, flûte orientale et voix, très minimale, aux teintes vaguement orientales. Je me suis dit que si cette pièce dépassait les 20 minutes, j'achetais le disque, car à ce moment elle vaudrait à elle seule l'album. Et comme de fait, cette pièce s'étire légèrement au-delà des 20 minutes...superbe.

vendredi 9 juillet 2010

Il était une fois dans l'Ouest


Ça fait un bout de temps que je souhaite parler de bande dessinée sur ce blog. Je ne suis pas un expert dans la matière mais j'aime tout de même en lire et continue d'en acheter à l'occasion. Comme j'aime aussi parler de choses dont on ne parle que très peu, je vais m'arrêter sur une série qui me fascine totalement, surtout par la richesse de son personnage principal, soit la série western "Jonathan Cartland". Ces bd's se trouvent facilement dans les librairies usagées, soldées à 5$ ou moins et quand je les trouvent, je les achète. Je me souviens d'en avoir lu quelques-unes lorsque j'étais enfant et je n'avais pas trop accroché. Je n'y comprenais pas grand chose et ça manquait de divertissement (pour un enfant). J'ai replongé récemment dans cette série et j'ai été frappé par sa complexité et le souci du détail du scénariste Laurence Harle.

Le personnage de Jonathan Cartland est celui d'un trappeur du 19e siècle, qui parcourt l'Amérique à la recherche de calme et de tranquilité. C'est l'aventure qui le cherche plus qu'il ne cherche l'aventure. On le retrouve souvent sans le sou, alcoolique, désabusé, dans une ville de l'Ouest américain où finalement ses talents de pisteur et de guide sont sollicités. Cartland est un anti-héros comme tant d'autres, seulement la lutte constante qu'il mène contre ses démons intérieurs ajoute une profondeur à laquelle peu de bédéiste peuvent prétendre. Il est aussi très proche des amérindiens, il connaît leurs rites, leurs pratiques et c'est tout un cours sur les premières nations qui nous est livré dans les pages de cette bd. D'ailleurs, on le voit rapidement marié à Petite-Neige, une amérindienne appartenant à la tribu Sioux des Oglalas. C'est d'ailleurs son meurtre par un guerrier Shoshone qui va libérer le langage de l'inconscient de notre héros. À partir de ce moment, on voit Cartland à la recherche de sa propre mort et trouvant du réconfort entre les bras de femmes dangereuses. Mike Tamburo l'avait compris avec sa pièce "Something about dangerous women" et Jonathan Cartland aussi. Il tombe rapidement amoureux de prostituées, meurtrières, narcomanes et ce, sans égards pour les conjoints ou autres amants. Des femmes qui sont hantées par des démons puissants, liées parfois aux siens. Que ce soit Cynthia-Ann, jeune bourgeoise anglaise enlevée par des Navajos, qui devient accro au Mescal et se retrouve pièce maitresse d'un bordel à San Francisco. Cecilia, fiancée du duc allemand Willhelm de qui il s'éprend, accro au laudanum, possédée par des crises hystériques, qui finit écrasée sous des éboulis... Bref, de très beaux personnages féminins, fortes et tourmentées, qui vont séduire notre héros qui tenteras de les sauver comme il peut.

C'est aussi une belle partie de la spiritualité amérindienne qui est exposée au gré des tribus visitées, les Mandans, Hopis, Cheyennes, Navajos... Les rêves de Cartland occupent une part importante du récit; on y voit le rituel de la Danse du Soleil, des esprits maléfiques, des rituels de purification... La dynamique religieuse et les croyances sont superbement exposées. Un souci du détail qui incorpore même le personnage d'un Honukhé, soit un "contraire" chez les Sioux, une pratique rarement explicitée lorsqu'on aborde la spiritualité amérindienne.

Il y a quelque chose de fascinant dans la spiritualité amérindienne. Je l'ai appris un peu malgré moi lors d'un cours sur le sujet que j'ai suivi a l'université. Peut-être est-ce dû au fait que j'occupe moi-même les terres ancestrales de ces tribus, que le nom du pays où j'habite et celui de nombreuses villes est issus des langues autochtones. toujours est-il que je ressens une certaine fierté à pouvoir discourir sur l'histoire amérindienne et leurs pratiques et ainsi ramener à l'esprit des gens que nous habitons leurs terres.

Et comme c'est principalement un blog de musique, je vous laisse sur cette pièce de Gila, tirée de l'album "Bury my heart at Wounded Knee", un projet de Conny Veit et Florian Fricke du légendaire groupe krautrock Popol Vuh, eux aussi probablement fasciné par l'histoire amérindienne.