vendredi 9 juillet 2010

Il était une fois dans l'Ouest


Ça fait un bout de temps que je souhaite parler de bande dessinée sur ce blog. Je ne suis pas un expert dans la matière mais j'aime tout de même en lire et continue d'en acheter à l'occasion. Comme j'aime aussi parler de choses dont on ne parle que très peu, je vais m'arrêter sur une série qui me fascine totalement, surtout par la richesse de son personnage principal, soit la série western "Jonathan Cartland". Ces bd's se trouvent facilement dans les librairies usagées, soldées à 5$ ou moins et quand je les trouvent, je les achète. Je me souviens d'en avoir lu quelques-unes lorsque j'étais enfant et je n'avais pas trop accroché. Je n'y comprenais pas grand chose et ça manquait de divertissement (pour un enfant). J'ai replongé récemment dans cette série et j'ai été frappé par sa complexité et le souci du détail du scénariste Laurence Harle.

Le personnage de Jonathan Cartland est celui d'un trappeur du 19e siècle, qui parcourt l'Amérique à la recherche de calme et de tranquilité. C'est l'aventure qui le cherche plus qu'il ne cherche l'aventure. On le retrouve souvent sans le sou, alcoolique, désabusé, dans une ville de l'Ouest américain où finalement ses talents de pisteur et de guide sont sollicités. Cartland est un anti-héros comme tant d'autres, seulement la lutte constante qu'il mène contre ses démons intérieurs ajoute une profondeur à laquelle peu de bédéiste peuvent prétendre. Il est aussi très proche des amérindiens, il connaît leurs rites, leurs pratiques et c'est tout un cours sur les premières nations qui nous est livré dans les pages de cette bd. D'ailleurs, on le voit rapidement marié à Petite-Neige, une amérindienne appartenant à la tribu Sioux des Oglalas. C'est d'ailleurs son meurtre par un guerrier Shoshone qui va libérer le langage de l'inconscient de notre héros. À partir de ce moment, on voit Cartland à la recherche de sa propre mort et trouvant du réconfort entre les bras de femmes dangereuses. Mike Tamburo l'avait compris avec sa pièce "Something about dangerous women" et Jonathan Cartland aussi. Il tombe rapidement amoureux de prostituées, meurtrières, narcomanes et ce, sans égards pour les conjoints ou autres amants. Des femmes qui sont hantées par des démons puissants, liées parfois aux siens. Que ce soit Cynthia-Ann, jeune bourgeoise anglaise enlevée par des Navajos, qui devient accro au Mescal et se retrouve pièce maitresse d'un bordel à San Francisco. Cecilia, fiancée du duc allemand Willhelm de qui il s'éprend, accro au laudanum, possédée par des crises hystériques, qui finit écrasée sous des éboulis... Bref, de très beaux personnages féminins, fortes et tourmentées, qui vont séduire notre héros qui tenteras de les sauver comme il peut.

C'est aussi une belle partie de la spiritualité amérindienne qui est exposée au gré des tribus visitées, les Mandans, Hopis, Cheyennes, Navajos... Les rêves de Cartland occupent une part importante du récit; on y voit le rituel de la Danse du Soleil, des esprits maléfiques, des rituels de purification... La dynamique religieuse et les croyances sont superbement exposées. Un souci du détail qui incorpore même le personnage d'un Honukhé, soit un "contraire" chez les Sioux, une pratique rarement explicitée lorsqu'on aborde la spiritualité amérindienne.

Il y a quelque chose de fascinant dans la spiritualité amérindienne. Je l'ai appris un peu malgré moi lors d'un cours sur le sujet que j'ai suivi a l'université. Peut-être est-ce dû au fait que j'occupe moi-même les terres ancestrales de ces tribus, que le nom du pays où j'habite et celui de nombreuses villes est issus des langues autochtones. toujours est-il que je ressens une certaine fierté à pouvoir discourir sur l'histoire amérindienne et leurs pratiques et ainsi ramener à l'esprit des gens que nous habitons leurs terres.

Et comme c'est principalement un blog de musique, je vous laisse sur cette pièce de Gila, tirée de l'album "Bury my heart at Wounded Knee", un projet de Conny Veit et Florian Fricke du légendaire groupe krautrock Popol Vuh, eux aussi probablement fasciné par l'histoire amérindienne.

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