jeudi 17 juin 2010
Peeesseye & Talibam! (Invada records 2010)
J'ai entendu parler de Peeesseye lors de leur passage au festival de Victo en 2008. À ce moment, c'était le seul spectacle qui avait attiré mon attention, seulement, la perspective de dépenser 30$ pour ce show, sans compter les deux heures de trajet, ont refroidi considérablement mes ardeurs. J'ai quand même fait mes recherches et déniché deux de leurs albums sur le label Evolving Ear soit, "Commuting between the surface & the underworld" et "Mayhem in the Mansion". Deux excellents disques de folk/noise très sombre, où les trois musiciens de Peeesseye ne rebutent pas attaquer l'abstraction de plein front. D'ailleurs, c'est surement grâce au label Evolving ear que ces deux groupes ont fait connaissance (ou ils se connaissaient déjà), Talibam! ayant fait paraître un cd-r sur ce label.
Les gens qui s'intéressent sérieusement à la musique expérimentale et au free-jazz ont surement entendu parler du duo Talibam!. Depuis près de deux ans, le tandem de Kevin Shea au drums et Matt Mottel aux claviers, fait considérablement parler de lui. Ils cumulent les albums abrasifs de musique improvisée ainsi que des collaborations avec des jazzmen aux mêmes affinités qu'eux. D'ailleurs, ils font parti des quelques groupes contemporains ayant sorti un disque sur le label ESP depuis la reprise de leurs activités l'année dernière. Il và sans dire que Talibam! attire l'attention mais la mienne est passée à côté, trouvant leur free-jazz trop bruitiste et énergique pour m'inciter à acheter un de leur disque.
C'est donc Peeesseye qui m'a convaincu de prendre une chance avec ce disque. Et quelle chance... Ce disque est tout simplement phénoménal. Et je pèse mes mots. Une sublime collaboration entre des artistes partageant une esthétique similaire. Un joyeux mélange de rock, jazz, folk et noise dans un tourbillon multicolore nous propulse dès la première pièce dans un monde complètement excitant. La première pièce "You tried (to eat it)" est supportée par une rythmique dynamique très rock, un riff de guitare monstrueux et des claviers tellement entraînant que je ne peux réprimer un sourire quand la toune démarre pour de bon. Je ne sais pas ce qu'ils ont essayé de manger mais quelqu'un ne semble pas apprécier. Cette pièce à elle seule vaut le disque et ce qui s'ensuit est tout aussi bon. Outre les claviers et le drums, le trio de John Forsythe, Jamie Fennelly et Fritz Welch joue principalement des électroniques indiscernables, de la guitare et des percussions. Ils jouent aussi surement d'autres choses mais l'absence d'infos sur ce disque nous laisse avec le jeu du : "devine les sons qui sont sur ce disque", jeu auquel je n'excelle pas beaucoup.
Enregistré en deux jours, ce disque est focusé en une direction commune; celle qui se dirige à l'extrême des genres et qui se fiche bien où cela peut les mener. Ici,le qualificatif "fusion" veut dire vraiment autre chose que ce à quoi on s'est habitué. Les pièces se fondent les unes dans les autres sans accrochages majeurs et les musiciens nous apparaissent hautement à l'écoute de ce qui se passe. Je crois bien qu'il s'agit de sessions d'improvisation et si c'est le cas, c'est de la haute voltige. Le free-jazz de l'ère "Fire Music" est finalement en train de se redéfinir avec des musiciens d'une autre génération qui osent incorporer leurs influences et les nouveau genres. Le seul point faible est la pièce "Everything for Everyone", un morceau plus noise avec des paroles "démoniaques" tenant des propos peu intéressants sur leur besoin de demeurer sans visage dans ce monde de l'identité afin d'être tous et chacun...bof... Mais par chance cette voix ne dure pas très longtemps et est sauvée en partie par le support d'un autre vocaliste qui récite les mêmes paroles mais de façon plus chantée et sans les effets démoniaques. Mais le reste est de la bombe. Le terme psychédélique s'applique ici mais je manque de qualificatifs pour définir ce que j'entends, surtout dans les moments les plus doux de guitare accompagnés de drones et de claviers mélodiques, tout en demeurant abrasif. L'intensité et les moments plus réfléchis se côtoient sans heurts et font de ce disque une oeuvre de musique improvisée s'inscrivant dans la tradition du free-jazz mais se permettant également de redéfinir le genre.
Talibam! est en spectacle dimanche au Souoni Per Il Ppolo avec les groupes locaux Tonsstartbands et Panopticon Eyelids. À la Casa.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Hello. Je suis chez toi via Les oreilles qui bourdonnent, excellent blog que j'ai récemment découvert.
RépondreEffacerJe sens que chez toi, c'est confortable et intéressant !!!
C'est vrai que c'est terrible. Quand tu écris:
"Un joyeux mélange de rock, jazz, folk et noise dans un tourbillon multicolore..", tu as raison.
C'est fou comme le titre en écoute arrive à marier aussi bien le free jazz avec des ambiances et sons noise voir électronica, le tout dans un groove rappelant le Miles électrique 70' et le jazz rock !!! Quel choc, merci de cette découverte...
Moi aussi j'ai un blog des cultures indé : musiques, BD et ciné essentiellement : http://muziksetcultures.over-blog.fr/
Au plaisir de te lire, ici ou chez moi.
A + +