samedi 8 janvier 2011

Scott Tuma : "Dandelion" (Digitalis, 2010)


J'ai déjà fait mention de Scott Tuma dans ce blog. J'avais comparé son oeuvre avec celle de la trame sonore de "The Hired Hand" de Bruce Langhorne. La comparaison était un peu poussée, mais à l'écoute de son nouveau disque, elle n'est que plus flagrante.

Scott Tuma est originaire de Chicago et s'est fait connaître dans le groupe country/grunge Souled American au début des années 90. Il semble que ce groupe ait connu un certain succès mais j'ignore complètement les retombées de ce succès. Lorsque j'ai découvert Tuma, il n'était qu'un obscur musicien de plus à la longue liste des joyaux se fondant dans le marasme de la musique underground. Il a aussi fait parti du Boxhead Ensemble, un collectif d'impro à géométrie variable avec un membership allant de Jim O'Rourke à Fred Lonberg-Holm, en passant par Glenn Kotche...




Grâce au label Tumult, il est possible de se procurer les quatre premier albums de Souled American en cd soit "Fe" , "Flubber", "Around the Horn" et "Sonny". Depuis longtemps épuisés en vinyles, l'Oblique avait encore jusqu'à tout récemment une copie vinyle de "Around the Horn". Au travers de ces quatre albums, Souled American nous offrent des compositions originales mais revisitent également bon nombre de classiques country/folk.




Donc, le plus récent album de Scott Tuma se veut un suite à la quête humaine dans laquelle il s'est lancé au milieu des années 80. Se tenant comme un seul homme, debout devant l'adversité, au bord de ce gouffre intérieur dans lequel il se lance à chacune de ses créations. Il y a quelque chose de profondément intime dans les compositions de Tuma; une sorte de lyrisme fragile, se tenant en équilibre sur le fil tranchant d'une épée de Damoclès qui menace à chaque fois de s'affaisser sur la bas de sa nuque. Car il s'agit surement de ne pas perdre la tête, lorsqu'on se lance dans un épisode créatif où on tente de remédier et d'articuler cette mélancolie qui semble nous habiter sans jamais vouloir nous quitter. Sur "Dandelion", Scott Tuma est accompagné par le bassiste Jason Ajemian, le percussionniste Mike Weis de Zelionople (et avec qui il a le projet Good Stuff House) ainsi que James Barker. Les trois ont réussi une oeuvre magnifique, éthérique, où se mêlent banjo, guitare, violon, clochettes, fields recordings.... La pièce "Red Roses For Me" est particulièrement réussie, surtout lorsque se manifeste le spectre d'un saxophone distant se laissant aller dans une improvisation libre... Le jeu de percussions de Mike Weis est sublime, tout en résonances métalliques et soutien parfaitement le côté impalpable de l'oeuvre. À l'image d'un pissenlit à la fin de l'été, après avoir offert à l'oeil de l'homme ses vives couleurs jaunes et vertes, la fleur s'éteint et il n'en reste qu'un squelette. Frêle carcasse menaçant de s'envoler au moindre coup de vent.

Là où s'arrête la version vinyle de cet album, la version cd y inclut à mi-chemin une pièce intitulé "Intermissions", de plus de 20 minutes. Débutant par un long moment de silence pour venir marquer la fin de ce que devait être l'album dans sa totalité, celui-ci est brisé par ce qui semble être une émission de radio espagnole où s'enchaînent des moments de musique générique orchestrale accompagnées de choeurs, comme des annonces d'une vieille chaîne de télévision. La réception étant plus ou moins bonne, on oscille entre le son des ondes hertziennes et des grichements sonore pour laisser émerger des prières issues d'un monde lointain qui font penser au collage sonore "Ethika Fon Ethica" sur l'album "Clic" de de Franco Battiato mais en beaucoup plus linéaire.



Suite à cette "intermission", Tuma reprend le chemin de son oeuvre avec "Smallpipes 1 2 3". Ces Smallpipes sont en fait des enregistrements de groupe, soit avec Jason Ajemian, James Barker, Mike Weis, Johnny Kimber et James Provencher. Très belles pièces, que la version cd de "Dandelion" nous offre en guise d'avant goût d'un éventuel projet de groupe pour Scott Tuma. On se croise les doigts...

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